Devant la dégradation de la fertilité masculine dans de nombreux points du globe, de plus en plus de scientifiques mettent en cause la pollution de notre environnement, l’utilisation de produits cosmétiques renfermant des perturbateurs endocriniens, et même une alimentation contaminée par des polluants. Phtalates, bisphénol A, pesticides, métaux lourds… autant de substances chimiques nocives avec lesquelles nous sommes en contact au quotidien.
Les phtalates et le BPA perturbent le développement des organes sexuels
Une émission d’Arte (Thema: Mâles en péril) avait fait grand bruit fin novembre 2008. Le message de mise en garde contre les phtalates et le bisphénol A a été largement repris par les médias et les revues scientifiques, et a notamment encouragé à une méfiance accrue (une excellente chose!) à l’égard des biberons en polycarbonate, accusés de favoriser, à cause du bisphénol A qu’ils contiennent, les cancers du sein, et de nuire à la fertilité future des bébés garçons.
Les phtalates et le bisphénol A sont en effet des perturbateurs endocriniens: en mimant l’action d’hormones féminines (effet dit « oestrogen-like »), ou au contraire en s’opposant aux hormones masculines (effet anti androgénique, induisant par exemple une chute du taux de testostérone), ils gênent le développement des organes sexuels (on parle de dysgénésie gonadique) et perturbent le fonctionnement des testicules. Le sperme est alors de moins bonne qualité en termes de nombre de spermatozoïdes (oligospermie voire azoospermie) ou à cause d’anomalies morphologiques des spermatozoïdes (tératospermie et asthénospermie).
Les substances incriminées sont nombreuses et présentes partout dans notre environnement quotidien
Les biberons, quoique très médiatisés, ne sont pas les seuls en cause. Bien d’autres sources de perturbateurs endocriniens existent: avec 3 millions de tonnes de phtalates produites chaque année dans le monde, et présentes un peu partout, difficile de leur échapper. Plastiques (de la famille des polycarbonates) mais aussi produits cosmétiques (crèmes, rouges à lèvre, vernis à ongles, lotions pour le corps, déodorants, shampoings, parfums, colorations pour cheveux, produits fixants: gels, laques…) sont susceptibles d’en contenir.
D’autres substances nuisant à la fertilité se trouvent également dans notre environnement toujours plus ou moins pollué: insecticides, herbicides et fongicides (dérivés du DDT notamment), médicaments (par exemple, ceux contenant des molécules telles que la kétoconazole), métaux lourds…
Avec en tout 30.000 substances suspectées, dont 3000 sérieusement incriminées et 300 d’ores et déjà interdites, les perturbateurs endocriniens sont nombreux; difficile de leur échapper! Et, bien que présents à de faibles concentrations, ils agissent de façon synergique: ce n’est pas tant la quantité d’une substance particulière qui est dangereuse, mais plutôt l’exposition à un cocktail de nombreuses molécules.
Les animaux sont touchés également par ces inquiétantes baisses de fertilité
Si la baisse de fertilité des hommes est mise en évidence par plusieurs études cliniques (diminution de moitié de la numération de sperme dans une majorité de pays européens depuis 50 ans, augmentation de la fréquence des anomalies testiculaires et des cancers des testicules), les animaux sont également touchés. Certaines observations laissent imaginer quel pourrait être l’avenir de l’espèce humaine si rien n’est fait…
- Des alligators, en Floride, vivant dans un lac pollué d’Apopka, ont développé des micropénis, une désorganisation testiculaire et ont un taux de testostérone anormalement bas;
- Certains poissons des rivières d’Ecosse et des oiseux des Grands Lacs américains ont tendance à se féminiser sous l’effet des polluants;
- En laboratoire, il a été mis en évidence que des rongeurs soumis aux phtalates (sous forme de DBP) durant la gestation peuvent, à l’âge adulte, présenter des anomalies testiculaires.
Reste à démontrer scientifiquement que, chez l’homme, la baisse de fertilité observée est liée à ces molécules, afin que toutes les substances incriminées (des cosmétiques aux biberons, en passant par les pesticides) soient interdites… Les biberons au BPA pourraient bien être les premiers à disparaître. Mais, dans l’immédiat, pour limiter les risques d’exposition à ces molécules nocives, se tourner vers les produits bio (en cosmétique comme dans l’alimentation) et l’éviction des plastiques semblent être des mesures de bon sens.
Et vous, avez-vous modifié vos habitudes?
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