Interdiction des phtalates et des parabens

Le 3 mai 2011, l’Assemblée Nationale a adopté en première lecture une proposition de loi du Nouveau Centre, visant à interdire 3 produits chimiques : les phtalates, les parabens et les alkylphénols. Ces substances, considérées comme des perturbateurs endocriniens, et présentes dans de nombreux produits de notre quotidien, sont classées cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction.

Une interdiction votée contre l’avis du gouvernement

Après l’interdiction du bisphénol A dans les biberons, voilà que les députés s’attaquent à l’ensemble de ces substances contre lesquelles de nombreuses voix s’élevaient depuis quelques années. La proposition de loi a pu recevoir un accueil favorable à l’Assemblée (236 voix pour, 222 voix contre) grâce aux 19 députés UMP qui ont voté pour, faisant ainsi basculer la majorité du côté de la gauche et des écologistes. Le gouvernement s’était pourtant déclaré opposé à cette interdiction, préférant attendre l’avis des expertises sur les dangers de ces substances (résultats attendus pour 2011 pour le bisphénol A, les autres perturbateurs endocriniens devant être étudiés à partir de 2012). A l’Assemblée Nationale, c’est pourtant le principe de précaution qui l’a emporté.

Des substances omniprésentes au quotidien

Même avec beaucoup de bonne volonté, il est bien difficile d’échapper à ces substances qui polluent notre quotidien :

  • les phtalates sont essentiellement utilisés dans les plastiques (bouteilles, jouets, emballages alimentaires, vaisselle incassable, revêtement intérieur des boîtes de conserve et des canettes, bouilloires et cafetières en plastique, matériel médical de type cathéters, poches et tubulures pour transfusions, matériaux d’obturation dentaire…) ;
  • les parabens sont utilisés par l’industrie agroalimentaire et dans les cosmétiques, en tant que conservateurs ;
  • les alkylphénols, moins connus, sont présents dans les détergents et les désinfectants.

Ces produits sont des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire qu’ils dérèglent le système hormonal, notamment en mimant l’action des hormones femelles (les oestrogènes). Les conséquences pour la santé sont potentiellement graves : cancers, puberté précoce chez les jeunes filles, réduction de la fertilité masculine

Effet cocktail : quand les combinaisons décuplent la toxicité potentielle

Non seulement ces produits sont dangereux pris isolément, mais de surcroît, la multiplication des substances dans notre environnement peut engendrer de dangereux effets cocktails (associées, deux substances seraient par exemple 100 ou 1000 fois plus nocives que chacune d’elle prise seule). Ce sont d’ailleurs ces effets d’association qui inquiètent le plus les experts, car la toxicité « grandeur nature » des différents perturbateurs endocriniens est ainsi difficile à évaluer et présente un caractère imprévisible (en pratique, il n’est pas envisageable de mesurer les effets sur l’organisme de la multitude de combinaisons chimiques possibles).

Rien n’est encore acquis

La nouvelle loi ne fait pas dans la demi-mesure : elle prévoit la fabrication, l’importation, la vente ou l’offre de produits contenant des substances appartenant à au moins l’une de ces trois familles chimiques. Elle devra sans doute être précisée pour espérer pouvoir être votée par le Sénat et définitivement validée par le gouvernement. En l’état, une interdiction simple, sans discrimination, semble en effet excessive, y compris aux yeux de Yvan Lachaud, le député à l’origine de cette proposition de loi, qui reconnaissait le 5 avril dernier que « l’adoption en l’état de la proposition de loi susciterait de nombreuses difficultés, en particulier pour la filière plastique. Il faudrait donc l’affiner afin de retenir non des familles de substances mais seulement les composés les plus dangereux ». Le débat est donc loin d’être clos.

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